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Christophe
Bernard a trouvé quelques instant à
nous consacrer dans son emploi du temps très chargé
pour nous parler de l'épilepsie et
des travaux qu'il effectue avec son équipe sur le traitement
de cette affection.
Outre le sujet lui-même, cette rencontre a été
pour Christophe l'occasion de raconter son parcours depuis
son intérêt pour la physique théorique
à l'Ecole, jusqu'à son poste actuel de Directeur
de Recherche, en passant par les transputers et une rencontre
déterminante avec Jean-Pierre Changeux.
La "valeur ajoutée" de l'ingénieur
dans le domaine médical a également été
mise en avant. D'abord par les réflexes acquis sur
la façon d'aborder les problèmes. Ensuite, la
formation généraliste qui permet d'appréhender
rapidement les multiples techniques utilisées, et de
discuter facilement avec les spécialistes du domaine.
Par exemple dans le cas de l'épilepsie : chimie, imagerie,
traitement du signal, physique, ...
Troisième point abordé, les problèmes
de financement de la recherche (voir plus
bas). Il est paradoxalement plus facile d'obtenir des
aides publiques pour l'achat de machines à plusieurs
millions d'Euros, plutôt que pour le simple aménagement
d'un laboratoire, certes moins "sexy" en termes
de communication.

L'épilepsie
L'épilepsie
est la maladie neurologique la plus répandue après
la migraine. Elle est synonyme d’angoisse pour les malades
craignant la survenue d’une crise, et source d'inquiétude
pour leurs proches. Bien que fréquente, elle reste
cependant entourée de beaucoup de préjugés
(on pourra consulter à ce sujet les pages du musée
allemand de l'épilepsie à Kork).
On estime à environ 750 000 le
nombre de personnes épileptiques en France (dont
500 000 diagnostiqués), avec une très forte
prévalence chez les enfants et les personnes âgées.
L’épilepsie représente un coût socio-économique
considérable pour la société : environnement
médical nécessaire, traitements médicamenteux
ou prise en charge sociale (retard scolaire, instituts spécialisés).
Si une grande partie des malades peuvent mener une vie normale,
l’épilepsie reste résistante aux traitements
pharmacologiques dans 30% des cas, soit 225 000 personnes,
et seulement 300 patients par an bénéficient
de la neurochirurgie qui permet d’enlever la région
du cerveau à l’origine des crises.
L'épilepsie est une affection neurologique,
et en aucun cas une maladie mentale. De nombreux hommes célèbres
en ont d'ailleurs été atteints : Jules César,
Napoléon, Van Gogh... Elle peut prendre des formes
très variées, depuis un simple moment d'absence
aussi court qu'un clignement d'oeil, jusqu'aux formes les
plus sévères du "haut mal".
Elle prend naissance dans une partie du cerveau,
comme par exemple le lobe temporal, puis s'étend à
l'ensemble du cortex. Certains malades sentent venir leur
crise. On parle alors d'"aura".

Les travaux de Christophe Bernard
Christophe
Bernard a passé deux ans aux Etats-Unis (Houston),
et est actuellement basé à Luminy, à
l'INMED (Institut de Neurobiologie de la Méditerranée).
Les derniers travaux menés avec son équipe sur
l'épilepsie -- plus précisément l'épilepsie
du lobe temporal (ELT) -- ont eu un fort retentissement mondial
dans les médias, notamment une publication dans "Science"
du 23 juillet 2004.
Les traitements médicamenteux actuels
agissent tous sur les neurotransmetteurs, dont le GABA. Le
problème majeur est qu'ils touchent l'ensemble des
neurones du cerveau, et pas seulement la zone "épileptogène".
Ils ont donc beaucoup d'effets secondaires.
Les résultats obtenus par Christophe
Bernard et son équipe permettraient la mise au point
de médicaments plus ciblés. Ils ont en effet
mis en évidence des anomalies de fonctionnement des
canaux potassium au niveau des neurones de
l'hippocampe, siège des troubles provoquant l'ELT.
Ces canaux interviennent dans la régulation des échanges
d'ions entre la cellule et son environnement (voir liens
ci-dessous pour plus de détails).

Projet du
centre de recherche "Epilepsie et cognition"
Christophe nous a également présenté
son projet de création d’une structure
de recherche en milieu hospitalier (La Timone), associant
recherche clinique et recherche fondamentale.
Soutenue par la faculté de médecine (qui a déjà
mis 300 m2 de locaux à disposition), cette approche
sans équivalent au niveau mondial se heurte au contexte
difficile de financement de la recherche. Un appel
est donc fait aux sponsors et au
mécénat, car les financements publics
prévus (INSERM, région PACA, conseil général,
mairie de Marseille) ne suffiront pas à couvrir l’opération.
Une telle aide peut prendre plusieurs formes : dons directs
à l'INSERM, fourniture de services pour l'aménagement
de locaux (gros oeuvre, électricité, etc.),
...
Nous reproduisons ci-dessous l'appel de Christophe
Bernard. Voici ses coordonnées :
Christophe BERNARD
Directeur de Recherche de Unité Inserm 29
Parc scientifique de Luminy
13273 MARSEILLE Cedex 09
tél. 04 91 82 81 11 – email : christophe.bernard@centraliens.net
<< Comment aborder la question
des mécanismes de l’épilepsie afin
de pouvoir proposer des solutions thérapeutiques
vraiment efficaces ?
La recherche fondamentale
chez l’animal s’intéresse aux mécanismes
de base de l’épilepsie. Mais au fur et
à mesure que la recherche avançait, elle
s’est progressivement détachée de
la réalité clinique, c'est-à-dire
du patient, pour se concentrer sur des processus moléculaires
en perdant de vue que l’épilepsie implique
plusieurs régions du cerveau et donc des millions
de cellules nerveuses.
La recherche clinique, dans le même
temps, a abouti à une meilleure prise en charge
des patients grâce à une meilleure définition
des syndromes. Cependant, la recherche clinique n’a
pas accès aux processus fondamentaux.
Notre proposition est de réunir
les deux types d’approches au sein d’une
même structure de recherche INSERM (Institut National
de la Santé et de la Recherche Médicale)
dans la faculté de médecine de la Timone
à Marseille. Le Pr. P. Chauvel dirige le service
de Neurologie de l’Hôpital de la Timone
et l’Unité de recherche en épileptologie
EMI 9926 (INSERM). Cette unité est leader au
niveau international pour son travail sur l’analyse
de l’activité électrique cérébrale
enregistrée lors de la phase préchirurgicale
chez l’homme. L’équipe a proposé
des hypothèses de travail concernant l’apparition
des crises et leur propagation d’une région
du cerveau à l’autre chez l’homme.
L’équipe du Dr. C. Bernard est leader au
niveau international sur les mécanismes fondamentaux
de l’épilepsie dans les modèles
animaux. La réunion des deux expertises
permet de développer une synergie entre recherche
clinique et recherche fondamentale.
La stratégie est de partir
des questions posées par la recherche clinique
et de les aborder directement en détail chez
l’animal. Nous maîtrisons un ensemble de
techniques qui nous permet d’avoir une démarche
multidisciplinaire à tous les niveaux d’analyse
(de la protéine au réseau de neurones).
La constitution d’un centre de recherche permettant
la conjonction et la confrontation de ces deux approches
clinique et fondamentale est unique au monde.
La faculté de médecine
a apporté un soutien important
à ce projet en mettant à notre disposition
une surface de 250 m2 afin de créer un laboratoire
de recherche fondamentale au sein de l’unité
de recherche clinique du Pr. Chauvel. Ce local doit
être complètement aménagé
et équipé, et dans un contexte difficile
de financement de la recherche, il est nécessaire
de faire appel à des sponsors, car les financements
publics prévus (INSERM, région PACA, conseil
général, mairie de Marseille) ne suffiront
pas à couvrir l’opération.
Appel à générosité
est donc fait afin de créer en région
PACA une structure de recherche sans équivalent
au niveau international, dédiée à
l’étude des mécanismes de l’épilepsie
dans le but direct de proposer de nouvelles solutions
thérapeutiques pour les patients, en particulier
ceux qui ne peuvent ni être traités avec
des médicaments ni être opérés.
>> |

Liens et documents
Site de l'INSERM
Article
paru dans l'Express sur les travaux de Christophe Bernard
Article
paru dans le Quotidien du médecin
Fondation
française pour la recherche sur l'épilepsie
et ses adresses
utiles
Et également un témoignage qui permet de mieux
comprendre la vie quotidienne des malades :"Mon
épilepsie jour après jour", par Frédéric,
42 ans. |